L'histoire du Four Solaire de Mont-Louis

L’aventure des fours solaires du CNRS en Cerdagne débute en 1946, à Meudon, où Félix Trombe, entouré de Marc Foex et Charlotte Henry La Blanchetais, mène des recherches sur l’énergie solaire. Ils lancent le tout premier programme expérimental visant à créer de hautes températures en concentrant les rayons du Soleil, une démarche qui s’inspire des travaux pionniers de Lavoisier au XVIIIe siècle. Ce projet marque le début d’une nouvelle ère pour l’utilisation de l’énergie solaire.

 

L’idée du Four Solaire de 50 kW à Mont-Louis naît directement de l’ambition de Trombe. Mais ce projet ne serait jamais allé aussi loin sans une rencontre déterminante avec le général Bergeron, qui ouvre la porte à l'installation du laboratoire dans la partie nord de la citadelle militaire de Mont-Louis en 1948.

 

Ce four, pensé comme un prototype révolutionnaire, repose sur un concentrateur parabolique fixe de 100 m², constitué de 860 miroirs concaves, capables de concentrer les rayons du Soleil 10 000 fois. Cela permet d’atteindre des températures vertigineuses, dépassant les 3000°C, sur une petite surface de seulement 18 cm de diamètre.

 

Pour assurer le bon fonctionnement de ce concentrateur, un miroir géant de 141 m², l’Héliostat, suit en permanence la course du Soleil. Composé de 567 miroirs plans, il reflète avec une grande précision les rayons solaires dans l’axe du concentrateur, créant une chaleur intense, utilisée pour tester des alliages capables de résister à des températures extrêmes. Ces recherches ont ainsi alimenté les projets d’aéronautique, de fusées et de satellites, en plus des matériaux ultra-réfractaires.

 

Le succès du Four Solaire de Mont-Louis a eu un impact majeur : il a inspiré la construction d'autres fours solaires à travers le monde, dont le très célèbre Four Solaire d’Odeillo, qui sera mis en service en 1970.

Ce laboratoire, devenu une référence internationale, marque l’apogée d’une époque et amorce un tournant dans l’histoire de la recherche en énergie solaire.

En 1968, face à la réussite du projet, les laboratoires du CNRS déménageront à Odeillo, où de nouvelles avancées dans le domaine de l’énergie solaire et des matériaux à haute température verront le jour.

 

Un héritage qui continue d’influencer l’innovation dans les technologies solaires, presque 80 ans après ces premières étapes audacieuses.

Félix Trombe

Félix Trombe (né le 19 mars 1906 à Nogent-sur-Marne et décédé le 26 mars 1985 à Ganties, en Haute-Garonne) était un chimiste, physicien et spéléologue français. Il est reconnu comme l’un des pionniers de l’énergie solaire en France.

Le Four Solaire aujourd'hui

Aujourd'hui, le Four Solaire de Mont-Louis est un site ouvert à la visite, permettant de découvrir cette prouesse technique et historique. Situé sur les remparts de la cité, il offre aux visiteurs l'occasion de plonger dans l'histoire de l'énergie solaire. Le concentrateur parabolique et l’héliostat sont toujours en place, témoignant de l'ingéniosité de ses concepteurs. Inscrit au patrimoine en 2008, le Four Solaire est devenu un lieu d'intérêt pour ceux qui souhaitent comprendre l'évolution de cette technologie et son impact sur la recherche.

Les éléments protégés par cette inscription sont le four solaire lui-même, comprenant l'héliostat, le concentrateur et le four, situés sur les remparts de la cité (cadastre AC 41).

 

Ces éléments ont été inscrits au titre des monuments historiques par un arrêté du 14 mai 2008.